Ce reportage de 2019, réalisé par Ilse van Velzen et Femke van Velzen, nous amène à la découverte de la prison de Mangaung, la première prison privée d’Afrique du Sud. Gestion de l’établissement, violences entre détenus et à l’égard du personnel pénitentiaire, mais aussi actes de tortures sur les détenus nous sont contés à travers les témoignages d’anciens détenus et agents, ainsi que via le travail d’investigation réalisé par la journaliste indépendante Ruth Hopkins.
La privatisation des prisons n’est ni un phénomène nouveau, ni aussi éloigné de nous qu’on le pense. Le Royaume-Uni a le système de justice pénale privatisé le plus développé d’Europe, et le recours à des PPP (partenariats public-privé) pour les récents établissements pénitentiaires en Belgique laisse à penser que la voie vers le privé est déjà entamée. G4S, société qui a bâti son empire sur le sécuritaire, est en charge de la gestion de la prison de Mangaung, et comptait également celle de Birmingham…avant que le gouvernement revienne à la manoeuvre en raison d’une gestion qualifiée d’épouvantable.
En dépit d’un titre accrocheur qui semblait annoncer une analyse de la privatisation de la prison, le reportage manque de contextualisation, de données chiffrées et laisse de nombreuses questions en suspens mais peut-être aussi n’a t’il pas vocation à répondre à tout (c’est un reportage, pas une enquête à proprement parler) mais bien à nous faire prendre conscience d’un phénomène bien réel et proche de nous. A l’heure où les critiques et constats d’échecs du système carcéral, tant en terme de prévention que de récidive et de réhabilitation ne sont plus à démontrer, la privatisation des prisons doit nous inciter à nous interroger : pour quelle(s) raison(s) un gouvernement déléguerait, voire abandonnerait l’une de ses missions principales, et quel(s) intérêt(s) pour le secteur privé si ce n’est financier?
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