kimberly écrit

criminologie pour casser l'ambiance

« La justice oublie les victimes »

C’est un refrain bien connu et qui traverse le temps: la justice pénale oublie les victimes et ne se soucie pas d’elles. Et c’est probablement vrai. Car de la même manière que votre dentiste ne se préoccupe pas de vos problèmes de dos, la justice pénale n’a pas été pensée pour les victimes mais bien pour les en éloigner.

La justice pénale telle que nous la connaissons aujourd’hui n’a pas existé de tout temps. Son avènement est lié à la construction des Etats modernes et de leur volonté d’assurer la régulation des conflits privés en ôtant aux victimes la possibilité de se faire justice elles-mêmes. C’est ce double enjeu de pacification des relations sociales et de légitimation du pouvoir des états qui est toujours au coeur de la justice pénale.

Et pourtant plusieurs évolutions législatives en faveur des droits des victimes sont à dénombrer (en Belgique), à titre d’exemples: création d’un fonds d’indemnisation pour les victimes d’actes intentionnels de violence (1985), reconnaissance et financement des services d’aide sociale aux justiciables (1990), suite à la Marche Blanche (1996) chaque corps de police doit disposer d’un membre spécialisé en matière de victimes, droits reconnus aux victimes au stade de l’information et de l’instruction (1998), droit reconnu dans le cadre des modalités d’exécution de la peine (2006).

Les victimes ne sont donc pas oubliées de la justice pénale, mais bien exclues de base. Elles peuvent toutefois même être instrumentalisées afin de justifier des actions répressives comme le durcissement de certaines peines ou l’allongement des délais de prescription. Punir plus sévèrement les uns pour soi-disant mieux protéger les autres est une réponse rapide qui évite au pouvoir en place de s’interroger sur les besoins des victimes, les transformations sociétales demandées et le développement d’alternatives civiles.

Rien ne devrait empêcher davantage d’empathie et de bienveillance de la part des différents intervenants de la machine pénale. Cela étant dit, qu’ils participent à la victimisation secondaire (soit les conséquences négatives résultants du traitement inapproprié ou irrespectueux des victimes) n’est ni surprenant ni sur le point de changer tant que nous ne sortirons pas de notre dépendance au pénal.

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